Interview à José Sarzi Amade
Interview à José Sarzi Amade : l’évangélisation de l’ancien Royaume du Congo et le récit du Capucin italien Girolamo Merolla da Sorrento
Por Leonor Taiano Campoverde el 5 Mayo, 2017 @LeonorTaianoC
José Sarzi Amade est l’auteur d’une thèse de doctorat en deux volumes portant sur l’évangélisation de l’ancien Congo au XVIIe siècle, œuvre accomplie par Capucins italiens de la Congrégation de Propaganda Fide. Son étude traite de la redécouverte du récit du Capucin, Girolamo Merolla da Sorrento. Ses deux ouvrages en question ont été intitulés :
vol. 1 : « Édition critique de la Breve e Succinta Relatione del Viaggio nel Regno di Congo […] (1692) de Girolamo Merolla da Sorrento » — 310 p. —
vol. 2 : « Réédition, contextualisation et analyse du récit de Girolamo Merolla da Sorrento, missionnaire capucin au Royaume de Kongo de la fin du XVIIe siècle. » — 408 p. —
Au terme de cette recherche passionnante et peu commune, nous avons cru juste et bon d’adresser quelques questions à son auteur.
Revista Mito : Bonjour José. Tu nous gratifies d’une thèse de doctorat plutôt originale qui a été débattue à l’université d’Aix-Marseille lors de ta soutenance, le 8 décembre 2016, et qui s’est vu attribuer une « mention très honorable avec les félicitations du jury ». Le thème de ton étude porte sur la redécouverte du récit d’un Capucin italien parti pour le Congo, à la fin du XVIIe siècle.
Peux-tu nous expliquer ce qui motiva ton choix, celui de travailler ce thème en particulier ?
José Sarzi Amade : Tout d’abord, j’avais en tête, avant même de me lancer dans une thèse doctorale, de traiter un sujet à caractère inédit. Mon choix fut d’abord motivé par une rencontre fortuite remontant au mois de juin 2011, celle avec un vieux livre datant de 1692, perdu dans une bibliothèque tout aussi surprenante puisque celle-ci comprenait une petite collection de livres anciens. Il s’agissait de la bibliothèque du couvent capucin du SS. Crocifisso de Cosenza (région Calabre). La bibliothécaire en question me signala d’emblée que les quelques ouvrages se trouvant en cet endroit, était en réalité un fond destiné à être transféré dans un diocèse plus ample et à être par la suite numérisé. J’insistais alors auprès de l’employée afin de pouvoir jeter un œil dans un cahier manuscrit qu’elle tenait pour registre. Un seul livre me retint l’attention, c’était la Breve et Succinta Relatione del Viaggio nel Regno di Congo […] de Girolamo Merolla da Sorrento. Un concours de circonstances favorable fit que je pus photographier le livre. Dès lors, j’avais, dans mon escarcelle, une pièce rare et suffisamment originale pour en faire un argument de thèse.
Revista Mito : On imagine qu’il s’agit d’une littérature tout à fait spéciale et que la compréhension d’un tel texte est tout sauf évidente.
José Sarzi Amade : Exactement, on peut même parler d’un véritable déchiffrage… La Breve et Succinta Relatione possède tous les ingrédients littéraires pour décourager le lecteur pressé, je dirais même que c’est peine perdue pour celui-là. Au contraire, on est devant un texte qui requiert lectures et relectures.
Tout d’abord, j’ai dû m’immerger dans une culture, une histoire et une réalité linguistique – celles de l’Afrique – qui m’étaient complétement inconnues. Beaucoup de vocables présents dans la narration n’étaient que des taxons mal retranscrits provenant de langues indigènes d’Afrique comme le kikongo ou le kimbundu et nombre de données étaient inexactes et nécessitaient une re-contextualisation. Aussi, ce récit de voyage n’avait pas fait l’objet d’un travail critique significatif et il n’existait presque aucune donnée biographique concernant l’auteur. À cela, s’ajoutaient des difficultés de compréhension liées à différents facteurs tels que :
Primo : la prédominance d’une langue marquée par l’oralité dans le texte, l’alternance de prose dialectale (napolitain) et docte en raison des choix stylistiques et éditoriales d’un scripteur.
Secundo : la gestion d’une narration décousue faite de continuelles prolepses et analepses, aux chaînes syntagmatiques surprenantes pouvant créer, dans certains passages, une prose confuse voire incompréhensible.
Tertio : la quasi absence de chronologie dans le texte, ce qui constitue un frein pour en cerner les problématiques, d’où un important travail de contextualisation de ma part.
Quartio : la grande approximation géographique des territoires et toponymes, et à la quasi absence de sources fiables sur certaines contrées.
Revista Mito :Parle-nous à présent de la forme et du contenu de ce livre, fruit de la mission du Père capucin Girolamo Merolla ?
José Sarzi Amade : Il y aurait tant à raconter… mais, on a affaire à un condensé (le titre fait allusion à une brève et succincte histoire) alors que la narration s’étend sur pas moins de 466 pages numérotées, quelques 30 feuillets supplémentaires incluant un protocole d’édition mais aussi des sonnets et autres vers, un bréviloque et tant d’autres choses en usage dans l’édition du XVIIe siècle. On a aussi un numéro de 19 planches illustratives xylographiées, insérées dans le corps du livre.
Pour ce qui est du contenu, dans les grandes lignes, c’est un récit de voyage, fruit de la mission accomplie par le prêtre capucin Girolamo Merolla da Sorrento sous l’égide de la Congrégation de Propaganda Fide. Cet organisme du Vatican, créé en 1622, mandata de 1645 à 1845 quelque 420 Capucins, presque tous italiens, à l’évangélisation du Congo et de l’Angola, dans le cadre de ladite « missio antiqua ». De ce contingent de missionnaires et sur deux siècles de présence, 229 succombèrent de maladie, d’épuisement ou de vindicte, les autres rentrèrent dans leur patrie en piètre condition. À ce titre Merolla fit partie de la dix-septième délégation et partit en mission de Naples le 5 mai 1682. L’œuvre qu’il laissa derrière lui fut publiée une décennie plus tard, en 1692. Merolla eut lui aussi son lot de souffrances puisqu’il fut continuellement malade et passa une grande partie de son temps alité. Dès 1685, il fut souffrant. Son livre, témoignage de son service pour la mission comporte deux parties. La première partie de son livre narre les faits depuis son départ d’Italie jusqu’à sa prise de fonction dans la mission du comté de Soyo, à compter du 27 mai 1683 et les quelques actions personnelles qu’il accomplit dans ce comté. La seconde partie du livre met en scène un missionnaire dont la santé est en sursis : il y narre ses péripéties pour tenter d’amener à la foi un royaume voisin du Congo, le Kakongo, et de couronner un roi afin de rétablir la souveraineté perdue du Congo. Ces deux actions se soldèrent par un échec en raison d’une rechute de Merolla dans la maladie et de rapports de forces néfastes avec Luanda d’Angola. On trouve aussi plusieurs passages concernant le mercantilisme, la traite transatlantique de l’époque et des luttes et positionnements du missionnaire à cet égard.
Nôtre récit ne manque pas de décrire l’altérité et son exotisme rassemble des topoïpropre au genre viatique, avec cependant des contingences de thèmes strictement liés à l’exercice d’un ministère religieux. Les typologies narratives n’ont de cesse de s’entrecroiser et on trouve dans le texte, selon un ordre aléatoire, de la narration viatique, des descriptions ethnographiques, de la chronique historique, de la narration providentialiste, des passages encomiastiques sur les missionnaires et de la narration morale. Voilà ce que l’on trouvera en lisant le texte à l’état brut.
Cependant, il convient, afin de ne pas se fourvoyer dans son interprétation, de garder à l’esprit que notre texte est le produit d’un remaniement. En effet, il fut supervisé, corrigé par un prêtre écrivain-secrétaire ou amanuensis du nom d’Angelo Piccardo da Napoli auquel Merolla dicta ses mémoires de mission à son retour. Le même secrétaire dira même de cette intervention qu’elle donna à l’œuvre un caractère bâclé ou inachevé. Derrière les précautions d’emploi ou autre Captatio benevolentiaedestinées aux censeurs et aux futurs lecteurs, il s’agit d’un procédé stylistique visant à donner au récit une amplification épique et à présenter Merolla sous des traits héroïques. Du reste, le trait marquant de ce genre littéraire du XVIIe siècle est celui d’« instruire et plaire », à l’instar de notre binôme Merolla/Piccardo dont le premier rapporte des connaissances venues d’ailleurs tandis que le second les embellit, les enrobe d’une pâte littéraire. La Breve et Succinta Relatione n’est par essence ni vraie ni fausse, mais mi- réelle, mi- fabuleuse.
Revista Mito : J’ai bien saisi maintenant les problématiques que sous-tendent un texte, où se mêlent fictions et réalités, à propos de contrées lointaines et a fortiori quand il s’agit d’un texte sorti de la plume d’ecclésiastiques se trouvant en contexte d’évangélisation des peuples. Je serais curieuse de savoir comment tu t’es dépris de tout cela. Quelle a été ton approche, ta méthodologie ?
José Sarzi Amade : Cela n’avait rien d’une mince affaire… Dans un premier temps, je ne savais comment m’organiser et je redoutais que la recherche soit longue, peu agréable et surtout onéreuse en raison du manque de matériel critique à ma disposition. Fort heureusement, je pus bénéficier de conseils de spécialistes et les choses finirent par prendre forme.
Au-delà de suivre rigoureusement les préceptes d’ecdotique du philologue et critique littéraire Aurelio Roncaglia, afin d’élaborer une édition critique explicitant les difficultés du texte, un séjour de recherche à Rome a été indispensable, et ce fut en septembre 2012 que je m’y rendis. Les documents collectés de manière exhaustive sur notre auteur et autour de lui, dans des institutions telles que la Pontificia Università Urbaniana et l’Archivio Generale Cappuccini, m’a permis une meilleure compréhension de notre thème et ont servi, d’une part, à m’aider un sujet spécifique sur lequel le matériel indispensable ne circule que très peu, et, d’autre part, à accréditer l’historicité de l’œuvre de Merolla parce que les archives que j’ai récoltées représentent des témoignages idiographiques. C’est consécutivement à la retranscription de nombreuses lettres, documents d’archives et à la lecture de livres critiques souvent difficile d’accès que je pus élaborer les deux volumes de ma thèse, à savoir :
vol. 1 : « Édition critique de la Breve e Succinta Relatione del Viaggio nel Regno di Congo […] (1692) de Girolamo Merolla da Sorrento » — 310 p. —
vol. 2 : « Réédition, contextualisation et analyse du récit de Girolamo Merolla da Sorrento, missionnaire capucin au Royaume de Kongo de la fin du XVIIe siècle. » — 408 p. —
Dans mon premier volume, j’ai fourni une longue introduction à l’édition afin d’alerter le lecteur par le relevé et l’explication précise d’exemples portant sur les difficultés présentes dans le texte, à savoir ses spécificités éditoriales, graphiques, morphosyntaxiques et rhétoriques, tout ceci formant une bonne notice préparant à la lecture de la Breve et Succinta Relatione.
Dans mon second volume, ce que j’ai appelé « prolégomènes », hormis une attention spéciale pour le contexte d’édition de l’œuvre, est un avant-propos focalisé sur les précautions à prendre dans le champ des études de l’histoire africaine. Sorte d’essai en déontologie, il est utile à la compréhension du passif occidental à l’encontre du continent africain et ouvre quelques portes à la conciliation, évitant le double piège du raisonnement ethno-masochiste ou ethnocentriste.
S’ensuit mon analyse qui s’organise autour de trois parties, composées chacune de deux chapitres.
La première partie sur la contextualisation est un excursus obligatoire dans ma démarche d’analyse, afin d’appréhender le texte par rapport à son contexte. Il s’agit d’un tableau synoptique permettant de situer notre œuvre, inconnue du grand public. Le champ disciplinaire du texte m’a obligé à toucher à l’histoire ecclésiale, c’est ce que j’ai fait dans chapitre premier, mon intention étant à la fois de re-parcourir succinctement l’œuvre chrétienne primordiale en Afrique, mais aussi de préciser les racines de l’ordre capucin et celles de la Congrégation de Propaganda Fide, pour enfin aboutir au cas particulier de l’évangélisation du Congo. De même, mon sujet touchant à l’histoire coloniale du XVIIe siècle, j’ai été amené à étudier de l’histoire comparée (celle du Portugal à un niveau global et celle du Congo à un niveau local). Le chapitre 2, qui porte sur le contexte historique, se justifie par le fait que le contenu du récit est historiquement indéterminé et que les quelques données éparses et approximatives ne suffisent pas à éclairer les soubassements des problèmes et les rapports de force entre les différents acteurs. Il a fallu par conséquent établir une chronologie ample et pratique. Par exemple, sans le point 2 du chapitre II portant sur les dynasties du Royaume de Kongo, on serait désemparé avec les quelques bribes éparpillées dans le texte, et la compréhension des faits et des enjeux sur la longue durée deviendrait un problème inextricable.
J’ai consacré ma deuxième partie à la reconstruction des éléments viatiques du texte, en m’appropriant comme point de départ les quelques marqueurs spatio-temporels dispersés dans la narration. À l’arrivée, j’ai dressé l’ensemble de l’épopée de Merolla, avant, pendant et jusqu’à son retour en mission, ainsi que les faits et gestes accomplis dans le cadre de son ministère et les problèmes rencontrés, tout ceci dans le but de mettre en lumière un itinéraire difficile à cerner à la simple lecture du texte. Puis, je suis allé sur le terrain ethnologique, pour m’occuper des relevés figés qu’effectua notre Capucin quant aux catégories humaines, coutumières, animales, végétales et environnementales, autant d’éléments témoignant de savoirs peu connus à cette époque, et qui plus est divulgués par les soins d’un missionnaire.
La troisième et dernière partie s’ouvre avec mon intérêt pour le culturocentrisme présent dans Breve et Succinta Relatione, lequel s’exprime souvent dans la distorsion de la réalité et par le biais d’une rhétorique missionnaire empreinte d’influences mythico-religieuses. Aussi ai-je voulu mettre en valeur, dans ce chapitre 5, selon une approche philosophico-anthropologique, les motifs des principaux chocs que connurent Merolla et les siens dans leur lutte contre un ordre moral différent du leur, c’est-à-dire le pouvoir des sorciers et des pratiques hétérodoxes à leurs yeux. Par cette brève dissertation d’anthropologie, puisque cette fois-ci, deux systèmes de cultures entrent en opposition, j’ai pu faire remarquer les apriorismes idéologiques et évolutionnistes exprimés par notre missionnaire. Enfin, mon dernier chapitre veut participer à une meilleure compréhension de la réalité coloniale qui avait pris pied en Afrique occidentale et au Congo où exerça Merolla. Dans une volonté épidictique, j’ai souhaité dénoncer les vues de l’esprit développées dans la narration concernant la description des Noirs, mais aussi la laideur d’un tableau où la cupidité humaine avait tout pillé, des matières premières à l’homme, dans ce continent objet de déportations. Face à ce constat sordide, j’ai voulu comprendre comment avaient réagi les missionnaires capucins.
Revista Mito : Peux-tu nous dire à présent quelle a été l’importance des notes infrapaginales aussi abondantes que variées dans ton édition critique ?
José Sarzi Amade : Oui, elles sont vraiment une clé à la compréhension de ce récit tant opaque et qui, lu dans son caractère brut, n’aurait certainement pas livré suffisamment de détails dont la réutilisation est précieuse en vue d’une analyse. J’ai donc mis en place dans mon édition un apparat critique qui met en évidence ou règle des problèmes de compréhension. Il assume les fonctions suivantes :
De thésaurus : quand les notes de bas de page catégorisent, se complètent ou commutent
du vol. 1 au vol. 2.
Orthographique, philologique et traductologique : quand les notes servent à expliquer
ou résoudre des problèmes d’étymologie, des difficultés liées aux taxons anciens (en
contexte pré-linnéen), xénismes et autres anomalies verbales, ou à restituer via la
traduction l’important intertexte en latin.
Historique, géographique et anecdotique : quand les notes sont des apports à la contextualisation
du récit ou à l’éclaircissement d’épisodes nécessitant quelques commentaires.
Revista Mito : En rédigeant ton volume 2, quels sont, selon toi, les objectifs que tu as atteints ?
José Sarzi Amade : La production de ce volume vient désormais s’inscrire dans le corpus des travaux concernant les Capucins italiens ayant œuvré pour les missions au Congo et dans les territoires environnants aux XVIIe et XVIIIe siècles. Elle constitue sans doute l’un des derniers travaux – voire le dernier travail – sur ce thème précis, et vient s’ajouter aux quelque quinze autres déjà existants. Par le travail accompli, j’ai pu donner une clé de lecture, une feuille de route, en transformant un texte à la disposition rigide en un ensemble raisonné où sont mises à la disposition du lecteur quantité de données supplémentaires et réinterprétables. Les objectifs inhérents au deuxième volume ont été de : 1) thématiser les données désormais moins disparates du texte en cherchant à vulgariser certains aspects culturels du texte inaccessibles en l’état à cause de l’opacité du récit ; 2) mettre en relief le caractère éclectique de l’écriture de Merolla et la pluralité des thèmes qu’il aborde ; 3) resituer, grâce à la contextualisation, le rôle des différents acteurs de ces événements historiques et les rapports de force existants ; 4) hisser le récit au rang d’œuvre-témoin d’une époque, d’un métier (celui de missionnaire) et de l’aventure humaine d’un explorateur ; 4) mesurer les analogies avec d’autres récits missionnaires du Congo contemporains du nôtre.
De façon particulière et non-exhaustive, je peux affirmer que l’annexe 2 du vol. 1 et les annexes 1 et 2 du vol. 2, constituées de lettres variées, missives, constitutions apostoliques, catalogues, etc. sont des compléments aux livres et ont la particularité d’être des données presque toutes inédites. L’annexe 3 du vol. 2 offre une série de 25 planches xylographiées qui non seulement sont des compléments aux 19 planches présentes dans mon volume 1, mais encore s’inscrivent dans la discipline des Visual arts désormais très en vogue dans l’académisme anglo-saxon. Celle-ci élargit les confins de l’œuvre d’art, allant toujours plus loin dans les intérêts portés au support, au contexte, à la provenance et à l’interprétation d’une représentation artistique.
Le recours à des cartes au chapitre III aère le récit du voyage de Merolla et découpe en séquences l’ensemble de ses déplacements. Je suis parvenu par ce moyen à reconstituer les pérégrinations du Capucin lors de sa mission et à les mettre en évidence, ce qui n’était pas facile à cerner en raison du désordre narratif et des données de géographie ancienne du texte.
Les éléments extraits de Breve et Succinta Relatione et mis en perspective sont autant d’informations inédites et représentent un apport non-négligeable puisqu’elles sont lointaines et antérieures aux voyages d’exploration de l’Afrique subsaharienne de la fin du XIXe siècle. En cela, elles peuvent être glanées avec intérêt dans bien de domaines. Par exemple : En histoire : elles pourront intéresser les sciences dites « auxiliaires » comme la généalogie, la prosopographie ou l’héraldique et la numismatique dans la mesure où j’ai organisé dans mon vol. 2 certaines données s’y référant. En géographie physique : elles concernent, à travers des considérations et des variétés de taxons, des branches comme la topographie, la toponymie, la climatologie et la géoprospective. En théologie : elles s’appliquent, par les démonstrations, les raisonnements et les témoignages des missionnaires durant leur ministère d’évangélisation, aux branches de l’apologétique, de la démonologie, de l’hamartologie (étude du péché) et de la sotériologie (doctrine du salut). En anthropologie : elles se connectent au domaine d’anthropologie culturelle, en ce qu’elles offrent des pistes de réflexions philosophiques sur l’interculturalité, mais aussi à l’anthropolinguistique qui étudie et approfondit les sociétés organisées autour du langage qu’elles utilisent. Enfin, en biologie : elles concernent les branches que sont la taxilogie évolutive, la physiologie végétale et animale voire même la dendrologie.
Revista Mito : En dernier lieu, j’aimerais savoir tes éventuelles perspectives concernant ton travail ?
José Sarzi Amade : Il y en a ou il y en aurait … mais tout dépendra aussi de l’intérêt suscité par mon étude dans le milieu universitaire. En définitive, cette recherche, du moins le vol. 1, gagnerait à être traduite en portugais et à circuler dans le monde lusophone, au Portugal, au Brésil, et surtout en Angola car elle témoigne de transculturalités pouvant intéresser tant les luso-descendants que les afro-descendants du monde lusophone.
Une traduction en l’anglais du vol. 2 serait utile pour une éventuelle prolongation de ce sujet car, à l’heure actuelle, les universités qui démontrent un intérêt pour ce type de recherche et qui possèdent des écoles doctorales et postdoctorales travaillant précisément mon sujet, se situent aux États-Unis d’Amérique, à Boston, Chicago ou Indianapolis.
Une traduction en français du vol.1 serait forcément un plus dans l’extension des champs de la connaissance pour les pays francophones concernés, à savoir le Congo Brazzaville et le Congo Kinshasa. Par cette démarche, on pourrait mettre à profit un texte qui foisonne de détails à exploiter pour les africanistes mais aussi pour les Africains. En ce qui concerne le vol. 2, il serait bon aussi d’avoir une version française. Il suffirait alors de traduire et d’adapter les contenus en italien. Les volumes 1 ou 2 pourraient se lire indépendamment et l’effet escompté serait celui de restituer aux Congolais francophones d’aujourd’hui un pan d’histoire écrite concernant leurs aïeuls.
Quant aux thèmes complémentaires à développer et aux prolongements futurs, ils ne manquent pas si même si on ne veut exploiter l’œuvre que sur le plan littéraire et effectuer des parallélismes avec d’autres livres appartenant au genre viatique. On pourrait dans cette veine, envisager un troisième volume ou une série d’articles.
Revista Mito : Nous arrivons au terme de cette entrevue, nous te remercions pour ces éclaircissements très instructifs concernant ton travail de doctorat et nous te souhaitons le meilleur à venir dans ton parcours universitaire.
Pour en savoir plus sur cette recherche, n’hésitez pas à contacter le Dr. Sarzi Amade José, membre du CAER (Centre Aixois d’Études Romanes) (emailsarziamadejose@gmail.com)
¿CÓMO CITAR ESTE ARTÍCULO?
TAIANO CAMPOVERDE, LEONOR: « Interview à José Sarzi Amade : l’évangélisation de l’ancien Royaume du Congo et le récit du Capucin italien Girolamo Merolla da Sorrento ». Publicado el 5 de mayo de 2017 en Mito | Revista Cultural, nº.43 – URL: http://revistamito.com/interview-jose-sarzi-amade-levangelisation-lancien-royaume-du-congo-et-le-recit-du-capucin-italien-girolamo-merolla-da-sorrento/
LEONOR TAIANO CAMPOVERDE
Leonor Taiano Campoverde, PhD en literatura. Ha escrito varios textos relacionados con argumentos diversos, entre los que destacan sus estudios sobre el antisemitismo en 'El Buscón', la ensayística de José Ingenieros, el tema de la migración en 'Perfumes de Cartago', el mecenazgo de Gaspar de la Cerda, la literatura colonial durante la Guerra de los Nueve Años (1688-1697), el cautiverio en 'Infortunios de Alonso Ramírez', la escritura de Reinaldo Arenas, el mito del “hombre nuevo”, los estereotipos en la cultura latinoamericana y la persistencia y desacralización de 'memento mori' en la cultura occidental.